IIRF / Session altermondialiste 2003

 

CRISE ECOLOGIE, EAU, PAYSANNERIES ET ECOSYSTEMES

QUESTIONS ANCIENNES ET NOUVELLES POUR LES MARXISTES

(Mondialisation et recomposition sociale, III : terre, eau et paysanneries)

 

Plan de rapport

Pierre Rousset

 

INTRODUCTION

* Trois rapports dans cette session. Un fil conducteur commun :

--- Le développement des résistances à la mondialisation capitaliste comme nouvelle “expérience historique fondatrice’ = l’occasion d’un effort de mise à jour de notre réflexion (cf années 1980).

--- Chercher à localiser l’évolution de nos conceptions (ma génération).

=> Des rapport déjà différents des précédents (conclusions “méthodologique” poussées plus loin).

 

* Limites:

--- Mes propres limites (par exemple, paysanneries!),

--- Collectivisation très inégale, expériences très diverses.

=> Débouche sur lignes de réflexion, pas sur nouvelle orthodoxie.

 

I /  LA NATURE DE LA CRISE ECOLOGIQUE CONTEMPORAINE

 

* Dans le passé, des crises écologiques (y compris globales) d’origines naturelles et des crises localisées d’origine humaine.

 

* Première fois: Crise écologique d’origine humaine à dynamique globale.

=> Origine: développements du capitalisme postérieurs à la Seconde Guerre mondiale.

Objet de controverses quant à l’ampleur et aux causes (cause démographique?).

 

* L’exemple de l’eau, le choix de la France comme illustration.

--- France: riche, démographie moyenne et stable, climat tempéré humide et... réalité de la crise.

--- Mécanisme: productivisme (choix du maïs, par exemple) + pollutions (agro-industrielles) + privatisation. Tout cela est très capitaliste...

--- ... et impérialiste: les multinationales françaises de l’Environnement et la privatisation de l’eau des USA à l’Aise.

=> Créations de réseaux militants internationaux sur le droit à l’eau.

=> Nouveauté: un problème du tiers monde (l’accès à l’eau potable) apparaît au Nord (différences d’ampleur, évidemment).

=> Mais pour l’instant: facile à intégrer par un marxisme classique (rapport écologie et modes de production).

=> La question paysanne permet d’aller plus loin.

 

II /  LA CENTRALITE DE LA QUESTION PAYSANNE CONTEMPORAINE

 

* Un trait marquant: le rôle des mouvements paysans dans le dans le développement des résistances à la mondialisation capitaliste. Y compris au Nord. Cf Via Campesian: MST brésilien, Confédération paysanne française.

=> Question: Comment se fait-il que la Confédération paysanne soit devenue en France, pays très urbain, une organisation si populaire?

 

 

A. L’identification au combat de la Confédé paysanne. L’OMC, le droit commercial contre le droit à la sécurité alimentaire. Le roquefort et le démontage du McDo. L’arrestation de José Bové & co. et le soutien de masse. Millau.

 

B. Les dérives de l’agro-industrie (maladie de la vache folle, eaux polluées de Bretagne, OGM...). La prise de conscience = toute la société est concernée par le mode d’organisation de l’agriculture. Comment nourrir ses enfants ? Le danger d’une course aveugle au profit...

=> Le changement du sens social donné au terne de “paysan”. Hier = “plouc” arriéré. Aujourd’hui = incarne un rapport plus humain, plus responsable à la nature et à la société que la grosse (agro)-industrie capitaliste.

 

C. Le travail de fond fait par la Confédération paysanne (composition 50% enfants de paysans, 50% de militants politiques “établis”).

- une façon “non productiviste” de produire = la qualité de l’alimentation (goût et santé), le maintien des emplois (bloquer l’exode rural et réduire le chômage) et du tissu social à la campagne (donc les services publics), le contrôle de l’impact environnemental (réduction des pollutions), la solidarité internationale (contre la politique d’exportation de l’agro-industrie française des produits de base) = chaque pays ou groupe de pays à le droit à l’autenticité, la sécurité et l’indépendance alimentaires. Contre les subventions à l’exportation, pour des subventions concernant la production orientée vers le marché intérieur.

=> deux projets de sociétés : celui incarné par l’agro-industrie et celui incarné par la production paysanne.

=> un engagement militant : dans Attac, avec les chômeurs, dans Via Campesina, avec les petits producteurs américains...

 

D. La question paysanne = une question moderne, une question présente, une question d’avenir.

=> Une question présente : du MST brésilen à la Confédé française = une composante importante des résistances à la mondialisation capitaliste, de la convergence des luttes.

=> Une question d’avenir = ce qui remet en cause d’une certaine tradition marxiste (identification du progrès au seul modèle de la grande agro-industrie socialiste). Un fil de réflexion à tirer.

 

III / QUELQUES IMPLICATIONS

 

A. Les “contradictions motrices”

 

* L’intervention politique se nourri d’une infinité de contradictions. Spécificité d’une contradiction “motrice”.

 

* Question: n’y a-t-il qu’une seule “contradiction motrice” sous le capitalisme (la contradiction de classe)?

 

* Importance de la contradiction écologique actuelle + la question propre à l’écologie politique = les rapports sociétés/nature.

 

* => Plusieurs “contradictions motrices”: contradiction de classe, contradiction de genre, contradiction écologique (et contradiction démocratique?). Une clef: leur interractions.

=> L’écologie après le féminisme: une condamnation du “réductionisme” dans le marxisme.

 

B. Transformation révolutionnaire de la société et convergence des luttes

 

* Transformation des rapports sociaux dans leurs ensemble (rapports de production, de genres...) et des rapports société/nature => implique convergence des luttes.

 

* Le mouvement altermondialiste: reconnait la pluralité des acteurs et mouvements sociaux. L’une des principales raisons de sa force.

 

C. Ecosystemes et variété des rapports sociaux

 

* Penser en termes d’écosystèmes: cadre de la biodiversité, impact sur le climat...

 

* Rapport entre écosystèmes semi-naturels et rapports sociaux. Diversité des écosystèmes = diversité des rapports sociaux. Cf à nouveau la question paysanne contre l’agro-industrie. Le berger, un métier d’avenir.

 

=> Le modèle général de l’agro-industrie est en question, pas seulement l’agro-industrie capitaliste.

 

=> La société socialiste n’est pas le produit d’une prolétarisation  généralisée.

 

*La question des alliances.  Evolution sur la paysannerie. Et les “peuples indigènes”.

 

- Une alliance très temporaire (1917).

- Lénine 1923: “De la coopération”, élément d’un renouvellement profond de sa réflexion. Une alliance durable et évolutive. Les révolutions chinoises et vietnamiennes.

- Aujourd’hui: la place des paysanneries (transformées) dans les sociétés de demain.

 

=> Une modification profonde de la conception de la “modernité”, de rapports sociaux jugés hier “condamnés par le progrès”, et qui s’avèrent aujourd’hui d’avenir.

 

=> Question similaire posée pour les “peuples indigènes”. Cf une question que je me suis posée hier: comment expliquer le succès du PC vietnamien auprès de certaines tribus montagnardes, et l’échec auprès d’autres? Cf aussi l’exemple actuel à Mindanao: le lien entre le RPM-M et les “lumad” et les changements d’orientation après leur départ du PCP.

 

=> Pour moi: il ne faut pas aborder ces questions d’alliances comme une simple nécessité tactique (militaire). Mais les intégrer à la réflexion sur la société pour laquelle nous nous battons.