DEMOCRATIE, MOUVEMENTS ET PARTIS

ELEMENTS DE REFLEXION A L'HEURE DE L'ALTERMONDIALISME

(Mondialisation et représentation politique : les mouvements, les partis et comment repenser la démocratie)

 

IIRF / Session altermondialiste 2003

Pierre Rousset

Plan de rapport

 

 

INTRODUCTION

* Objectifs de ce troisième rapport :

--- Réfléchir sur les formes d'organisation du mouvement  altermondialiste.

--- Introduire des éléments de réflexion sur le rôle (changeant ?) des partis (révolutionnaires).

--- Pour aider à localiser les questions nouvelles (ou renouvelées), faire apparaître l'évolution de nos conceptions (= l'évolution de ma génération).

* Attention :

--- des situations très variables suivant les pays et les courants.

--- une réflexion initiale, peu collectivisée.

--- la difficulté à différentier, dans le "neuf", ce qui est conjoncturel de ce qui est durable, ce qui est propre à certains pays de ce qui est plus général.

=> Il ne s'agit PAS d'affirmer une (nouvelle) "orthodoxie". Simplement d'ouvrir un champ de réflexion.

 

I /  SUR LE MOUVEMENT ALTERMONDIALISATION

 

Intro.:

 

* Mouvement très inégal suivant les régions mais :

- D'emblée international : "Face à la mondialisation du capital, mondialisons les résistances".

- D'emblée socialement plus enraciné que la radicalisation des années 60.

- Rapidité d'affirmation : devient un facteur politique effectif dès Seattle.

- Capacité à durer malgré répression (Göteborg, Gênes) et tentatives de cooptation, chocs politiques (11 septembre 2001), guerres "complexes" (Afghanistan).

- Capacité à s'élargir (beaucoup !) ET à se radicaliser.

- Des traits très originaux.

=> Nouvelle "expérience historique constitutive" qui permet de commencer à "penser le neuf" (sujet révolutionnaire, voir premier rapport...), mais sous des formes très différentes des années 60 (cf question de la rupture réforme/révolution).

=> Reprise d'une réflexion stratégique "suspendue" dans les années 90 faute de "matière première".

 

* Question posée ici : Comment cela fonctionne ?

=> Combiner description et réflexion.

 

A. Forums et assemblées

 

Une question controversée. Une clef de compréhension.

 

= Le forum social comme "espace de convergences et de libres initiatives", sur la base d'une Charte qui a un fond politique réel. Ne prend pas de positions (l'évolution de mon jugement à ce sujet).

= La réunion des réseaux militants (campagnes thématiques...) et leur élargissement au sein du Forum. L'Assemblée des femmes (second Forum social européen). Le rôle spécifique de l'Assemblée des mouvements et acteurs sociaux (calendrier militant, synthèse des propositions, grands rendez-vous communs).

= Une dialectique entre "l'événement" et le "processus" qui fonctionne étonnamment : cf le 15 février 2003 !

 

B. Spontanéité et pilotage

 

* Un creuset d'initiatives multiples et libres = rôle dynamique des centaines d'organisations participantes.

* Un processus "pensé" : fonction propre de chaque étape, faiblesses à corriger, mise lumière des "invisibles", intégration de nouvelles régions, articulation du calendrier... = rôle d'un réseau d'organisations diverses qui "font le lien" en permanence.

 

Au début :

= Sur le plan international : réunions à l'occasion des mobilisations usuelles.

= Au Brésil : le Comité des 8.

= Le Conseil international du FSM.

 

Puis :

= "Modèle" brésilien pas généralisable (ni probablement soutenable).

= Représentativité du CI du FSM toute relative.

=> Rôle des Assemblées préparatoires et des structures "ouvertes" de pilotage (Europe, Inde).

=> Ce n'est ni une coalition (un front) traditionnelle ni une représentation par délégation démocratique pyramidal type "comité central de grève". Le terme utilisé de "réseau" me semble aussi impropre : c'est beaucoup plus "épais" (nombre et variété des organisations participantes).

=> Ce n'est pas l'égalité entre toutes les organisations. Les décisions dépendent d'un accord entre grosses organisations. Mais des mécanismes correcteurs sont adoptés (fonds de solidarités...) et le nombre d'orgas activement associées au processus est sans équivalent dans le passé.

=> Le fonctionnement au consensus (≠ unanimité). Faire ensemble ce que l'on peut, laisser faire chacun... Limites (difficulté à débattre au fond) et force (capacité d'offensive même en période défensive).

 

=> N'efface pas les autres modes de fonctionnement (coalitions et fronts, délégation démocratique et pyramide représentative, réseaux de campagnes...).

=> Mais répond à une question durable : l'association d'un très grand nombre d'organisations de nature très variées. Or cette question est "durable" (évolution des sociétés et des consciences, rapports changeant entre action dans l'entreprise et dans la localité, multiplication des terrains de lutte, capitalisme mondialisé et offensive générale de la marchandisation...).

 

C. Quelques problèmes

 

= Gigantisme et vedettariat. Débat sur les rythmes et les formes. Assurer la visibilité des "invisibles". L'enracinement social.

 

= Rôle possible de la coordination internationale des mouvements sociaux et les difficultés présentes (Brésil, France).

 

= Construire le mouvement révolutionnaire dans son rapport au mouvement alermondialiste (là où cela à un sens...). Champ de responsabilité et d'action commune (GACE?).

 

 

II /  ACTUALISER LA REFLEXION SUR LES PARTIS (REVOLUTIONNAIRES)

 

Intro.:

= La question des rapports mouvements/partis dans le mouvement altermondialiste.

= Diversité des traditions

--- Les rapports partis/syndicats : les "modèles" français, indiens et anglais.

--- La "vision" du parti. France et Philippines.

 

A. Des conceptions nécessairement datées

 

= Une histoire de la conception des partis.

= Notre "léninisme" des années 70. Le parti d'avant garde. Un parti intervenant dans TOUTE la société. Crise révolutionnaire et capacité d'initiative.

= L'enrichissement des conceptions stratégiques. Une stratégie concrète et évolutive.

 

B. Évolutions : fil conducteur du pluralisme révolutionnaire

 

= Une classe un parti, un Etat ?

= Des partis ouvriers, un parti (vraiment) révolutionnaire ?

= La "simplification" nécessaire du champ révolutionnaire ?

= Une échelle simple de la "conscience": réformiste->centriste->(vrai) révolutionnaire ? Déboires de la catégorie de "centrisme".

 

=> Pluralisme n'est pas un mal nécessaire et passager, mais le reflet de réalités essentielles (complexité des sociétés et de l'expérience militante, condition de vie démocratique).

 

C. Evolutions: fil conducteur des rapports mouvements / partis

 

= Le parti d'avant-garde comme "clef de voûte" et foyer unique d'élaboration programmatique ?

= L'expérience réelle (pensée féministe, écologiste, réflexion sur l'évolution du travail, la question paysanne...).

=> Construire des rapports plus égalitaires.

=> Penser la diversité des partis (diversité des choix stratégiques) comme contribution à l'unité des mouvements.

 

D. Évolutions : horizons stratégiques

 

= Spécificité de la situation présente (l'horizon stratégique repoussé).

=> Point d'interrogation sur les partis (forme, rôle précis...) de demain.

= Nécessité du/des partis révolutionnaires renouvelée

<= Epuisement du réformisme.

<= Eviter réduction du politique à l'électoral.

<= Dépasser le face-à-face démoralisant mouvements/partis de gouvernement (cf PS français : le "débouché politique" de l'altermondialisation ?).

<= Réengager le débat stratégique (face à l'expérience Lula !).

<= Transmettre l'expérience et accumuler des forces capables de répondre aux diverses configurations stratégiques de demain...

 

=> Non seulement relève de génération, mais période transitoire de maturation. Maturation dans l'action !

=> Capacité à durer et à changer.