BILAN ET
CONCLUSIONS DU SÉMINAIRE FEMMES DE JUILLET 2006
Commentaires
d’ordre général
1. La forme du séminaire était assez peu habituelle
par rapport aux pratiques de la Quatrième internationale : elle visait à
réfléchir sur nos expériences vécues et notre action de manière systématique.
Notre but était de comprendre le développement de
notre travail femmes et les débats et résolutions qui ont découlé de ce travail
au cours d’une période historique précise : effectivement, depuis la montée de
la deuxième vague du mouvement féministe (années 1970).
Un rapport de présentation a été préparé par deux
camarades qui participent à la Commission femmes de l’Internationale depuis
trente ans, dans le dessein de situer et de retracer le développement de notre
réflexion sur le plan international (notamment par le biais des textes des
Congrès mondiaux). Comme cette commission ne fonctionne plus comme instance
véritablement représentative depuis la fin des années 1990, on a surtout fait
appel à l’expérience du travail collectif de la fin des années 1980 et des
années 1990.
De plus, nous avons demandé aux camarades de trois
pays : la France, le Brésil et les Philippines, de rédiger des comptes-rendus
de leur expérience.
Nous avons fixé le choix de ces pays parce que nos
sections nationales ont maintenu un travail femme organisé ce qui n’est pas le
cas chez l’ensemble des sections ainsi qu’une expérience organisationnelle
historique de ce travail. Par ailleurs, comme ces sections proviennent de trois
continents différents et ont émergé à différentes périodes de l’histoire de la
QI, elles ont également contribué plusieurs autres éléments à la discussion :
la différence du développement du mouvement des femmes et la façon de poser les
questions concernant la libération des femmes, des traditions politiques et culturelles
différentes.
Il est évident que la LCR (la section française) est
bien placée en vertu de sa taille et de sa continuité historique (y compris par
les cadres) pour rédiger un tel rapport. La rupture de la continuité historique
au Brésil est trop aiguë et trop récente pour permettre aux camarades de tirer
un bilan juste du travail au cours de toute la période vécue comme courant du
PT. Les camarades des Philippines, arrivées plus récemment à la QI, et en provenance
d’une autre tradition politique et d’une région géographique moins connue de la
plupart des participantes, a dû assurer de bien décrire et expliquer leur situation
et son contexte pour entamer la discussion.
Néanmoins, malgré les objectifs très ambitieux du
séminaire, il était vu comme une initiative réussie et positive.
Tout d’abord, pour les camarades qui ont été en mesure
d’assister (la participation a forcément reflété les aléas du financement et du
temps ainsi que la possibilité de visas au moins deux camarades n’ont pas été
en mesure d’assister parce qu’on leur a refusé le visa) c’était une occasion unique
de rencontrer, d’échanger et de discuter avec des camarades d’autres pays.
Ensuite, malgré les différences énormes sur les plans
historique, culturel et d’expérience politique, il a démontré que les mêmes
thèmes politiques se retrouvent et que dans chaque situation, notre approche
est fondée sur le contexte et sur nos conceptions marxistes révolutionnaires et
féministes, ce qui peut donner lieu à des approches en apparence très
différentes, mais constitue la base de la poursuite de la discussion.
Il faut noter que l’ensemble des délégations a choisi
spontanément de présenter des rapports collectifs sur les plans de la rédaction
et de la présentation un choix qui est plutôt rare dans nos réunions. Par
ailleurs, cette présentation collective a assuré la participation des camarades
d’âges/de générations différentes aux rapports.
Prévoir une école
femmes à l’Institut
2. Nous voulions exprimer les conclusions principales
du séminaire sous la forme de propositions du contenu de la prochaine école
femmes à l’IIRF.
La présentation de cette séance finale a tout d’abord
rappelé l’organisation des écoles et les multiples contraintes dont il faut
tenir compte, notamment la durée, les fonds disponibles et les langues.
L’ensemble de ces contraintes est ce qui détermine la forme définitive d’une
école (voir annexe).
Les grands thèmes
abordés aux écoles antérieures ou vus comme essentiels :
Le marxisme et le féminisme comme cadre d’analyse et
de théorie
*
Qu’est-ce que l’autonomie ?
* Les
migrations et les femmes
* La
religion et les fondamentalismes/intégrismes religieux
* la
violence faite aux femmes, avortement, contraception, droits reproductifs
*
femmes et racisme
*
femmes et mondialisation
*
l’action positive et la construction d’un parti qui accueille/intègre mieux les
femmes et leurs expériences, apports etc.
La discussion a
mis en exergue les questions suivantes :
* liens entre la lutte des classes et celle des femmes
* la guerre, la mondialisation et l’internationalisme
* les femmes migrantes, le nouveau marché du travail,
la mondialisation et la pauvreté
* les femmes indigènes * les femmes et le racisme
* le libre choix des femmes/aborder la question de
l’avortement à part celle de la violence
* le rôle des ONG, les femmes et les institutions/les
postes de pouvoir
* le mouvement autonome des femmes
* la lutte des femmes lesbiennes et bisexuelles
* les femmes et la religion
* la marchandisation du corps des femmes
Chose étonnante, le débat sur la prostitution n’a pas
figuré dans cette discussion, bien que ce débat figure dans les discussions de
tous les rapports de pays et continue à émerger comme débat en cours
La discussion a également
abordé d’autres questions.
a) Pour qui et
pour quoi une école femmes :
Le combat pour la libération des femmes fait partie
intégrante de notre lutte pour le socialisme, avec des conséquences à la fois
pour notre analyse et élaboration politique et notre action (la nécessité de
construire le mouvement autonome).
La participation est un acte collectif d’une
organisation (membre ou non de la QI) et non pas un acte individuel (impossible
pour motifs de temps et des finances) ; les différentes organisations qui sont
invitées enverront des camarades en fonction de leurs besoins et possibilités.
Nous leur demanderons d’envoyer des camarades motivées pour se former sur vont
donc elles-mêmes envoyer des camarades différentes ; on leur demandera
d’envoyer des camarades motivées pour se former sur ces thèmes femmes, pour
renforcer leurs organisations sur le plan politique sur ces questions.
b) Méthodes
pédagogiques
En ce qui a trait à la pédagogie, il y a un rapport
entre la méthode pédagogique et le projet politique. Par exemple, la durée des
exposés dans les écoles précédentes est passée de 40 à 30 minutes ; la
participation active a été accentuée. Les écoles classiques étaient
surchargées, avec trop de contenu. Par contre, si on n’utilise que les nouveaux
moyens pédagogiques (films, vidéos, musique), la densité des thèmes abordés
sera moindre. Il faut donc réfléchir, comment faire en sorte que les camarades
soient plus fortes en rentrant chez elles pour qu’elles puissent mieux
s’intégrer à leur organisation.
La question des langues peut faire obstacle au
renouveau pédagogique ; par exemple, l’objectif des présentations PowerPoint
(si on les voit comme une grande innovation pédagogique) est perdu si un tiers
ou la moitié des participantes au maximum comprend ce qui figure à l’écran.
c) Les rapports
et les rapporteuses
Les rapports ne peuvent pas constituer une synthèse
générale de toutes les expériences autour d’un thème, ainsi, ils subiront
l’influence des expériences partielles des rapporteuses. Le choix des
conférencières n’est pas fait uniquement selon les critères universitaires. Le
critère principal est d’être une militante politique.
Il faut partir de ce que les personnes savent
elles-mêmes et à partir des expériences nationales, expliquer les méthodes,
pour permettre l’intervention de l’ensemble des participantes et pour faire le
lien avec leurs propres expériences, luttes, théories etc.
Comme on dit toujours, à nos yeux une école n’est pas
une expérience à sens unique où la conférencière est porteuse de connaissances
à transmettre. Les conférencières et les conférenciers apportent des
connaissances et expériences, mais le fait de donner un rapport et de discuter
avec les participantes est également une expérience fructueuse et formatrice
pour les conférenciers, qui apprennent des autres camarades et des autres expériences.
Il faut également tenir compte des conférencières
disponibles et les frais des déplacements : est-il raisonnable de faire venir
une conférencière à Amsterdam pour un seul thème ? En principe on demandera des
conférencières, mais des conférenciers de sexe masculin ne sont pas exclus
comme solution de rechange.
3. Les femmes
dans la Quatrième internationale
L’avant-dernière journée du séminaire était consacrée
à une discussion de la situation des femmes dans le cadre de la Quatrième
internationale. Une présentation a été faite dans le cadre de la résolution du
Congrès mondial de 1991 sur cette question, par la suite chaque pays à fait un
bref rapport à partir d’un court questionnaire, ensuite il y avait une
discussion ouverte.
La discussion a révélé que malgré des progrès dans
certains secteurs, la situation ne peut pas être vue comme pleinement
satisfaisante où que ce soit ; par ailleurs elle demeure souvent fragile en ce
qui concerne la pleine participation des femmes aux instances de direction.
La situation aux instances de direction
internationales est particulièrement mauvaise ; elle a clairement régressé avec
le déclin de la coordination du travail femmes au niveau international.
Toutefois, on peut lier cette situation avec le déclin du travail organisé au
niveau national et les crises de certaines sections importantes qui ont
particulièrement contribué à ce travail et l’affaiblissement grave de
l’appareil central de la QI.
Un projet plus systémique de séminaires, écoles et
réunions de fractions femmes est requis pour qu’on puisse commencer à surmonter
cette situation.
Annexe À
Retenir sur l’organisation d’une école :
* les dates et la durée;
Les participantes ne sont pas des permanentes de
l’organisation ; ainsi l’école devra se dérouler pendant les vacances scolaires
; les Européennes ont tendance à favoriser une école de deux semaines, tandis
que les copines qui viennent de plus loin préfèrent le plus souvent une durée
de trois semaines !
* La question des langues :
Si on fait un séminaire de trois semaines en trois
langues, il faut avoir six traductrices, ce qu’on a fait cette semaine n’est
pas possible (où des traductrices étaient également des intervenantes et où il
fallait à certains moments recourir à des acrobaties de traductions)
La plupart des écoles ont deux langues de travail :
Castillan/anglais, français /anglais ou castillan/français. On ne peut pas
arrêter le choix des langues avant de connaître les langues des participantes.