Féminisme et altermondialisme : les enjeux.
L’intégration de la perspective de genre dans les analyses et les mobilisations du mouvement altermondialiste pose des problèmes spécifiques (en plus des problèmes habituels de l’intégration d’une perspective de genre dans tout mouvement politique et social).
Pour au moins quatre raisons
1) Le caractère global et la mondialisation libérale et le caractère « asexué » de la finance qui est le point d’entre d'une grand partie des mobilisations du mouvement (dette, taxation des mouvements de capitaux….) semble exclure pour de nombreux militants l’intégration d’une perspective de genre. La domination masculine dans la sphère de la recherche économique (y compris critique) n’arrange pas les choses.
2) Le caractère multidimensionnel de l’oppression des femmes fait qu’on a parfois tendance dans le mouvement à considérer que les dimensions de l’oppression que relèvent pas directement des évolutions et des politiques économiques et sociales (libérales), ne concernent pas le mouvement altermondialiste (avortements, violences, ordre moral…) : idée qu’il existe déjà des associations féministes « ad hoc » pour cela….
3) Cela renvoie au fait que l’oppression des femmes a largement précédé la mondialisation libérale (et d’ailleurs le capitalisme !). Tout ce qui survient dans le monde en termes d’aggravation de la situation des femmes n’est pas imputable à la mondialisation libérale ; elle a elle même des conséquences contradictoires, pas toutes unilatéralement négatives pour les femmes notamment au sud : expansion du salariat avec potentialité de luttes que cela suppose même très difficiles (cf. luttes ouvrières du textile au Bengladesh ces dernières semaines), déstabilisation des formes des structures sociales patriarcales traditionnelles , mise ne communication des cultures diverses, etc.). Face à cela la pression de courants nostalgiques dans le mouvement peut être forte (ex : ecoféminisme, courant de la décroissance...)
4) Compte tenu de l’hétérogénéité des situations (au delà de l’unicité de l’oppression) il est difficile de trouver des luttes convergentes (ex salariées d'une même multinationale dans différents pays) et des revendications unifiantes (ex débats à propos de la plate-forme de la marche mondiale sur le droit à l’avortement et la liberté d'orientation sexuelle).