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Solidaire Sans Frontières] -
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> Théorie > Ecologie
Le diable fait les casseroles,
mais pas les couvercles : défense du climat et anticapitalisme
TANURO
Daniel
25 janvier
2007
Ce texte est à
paraître dans Inprecor n° 425 de février-mars 2007, dans le cadre d’un
numéro spécial consacré au changement climatique. Sauf indication contraire,
les références vers d’autres articles renvoient à des documents, interviews et
analyses publiés dans ce numéro spécial. Celui-ci sera disponible dès parution
auprès de PECI-Inprecor, 27 rue Taine, 75012 Paris, France, au prix de 5,50
euros. Les graphiques qui illustrent l’article ne sont pas reproduits ici,
mails ils seront aussi dans Inprecor.
Je remercie Marijke
Colle, Jane Kelly, Manolo Gari, Michel Husson et Michaël Löwy qui ont bien
voulu commenter une première version de ce texte. La version finale n’engage
que ma responsabilité.
·
Contraintes physiques
et (...)
·
Trois difficultés imbriquées
·
De Kyoto à
Nairobi et au-delà
·
Rationalité globale
vs. (...)
·
Pour un mouvement
mondial (...)
L’écho
du film d’Al Gore, le battage autour du rapport Stern, l’écho des rapports du
GIEC (Groupe des experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) et le
succès croissant des manifestations organisées par
La quantité de
carbone émise annuellement par l’économie mondiale représente environ le double
de ce que les écosystèmes (océans, sols, végétation) sont capables d’absorber.
Le cycle naturel tend vers la saturation. En s’accumulant dans l’atmosphère, le
surplus provoque une intensification de l’effet de serre naturel, donc un
réchauffement de la surface de la planète. Le phénomène s’est amorcé avec
Les
avertissements lancés depuis plus de vingt ans n’ayant pas été entendus, il est
trop tard aujourd’hui pour éviter le changement climatique : il est en
cours et fera sentir ses effets pendant plusieurs siècles. La question qui se
pose est : comment limiter les dégâts ? La réponse est balisée par
des contraintes physiques incontournables. D’après les modèles du climat, la
concentration atmosphérique en gaz à effet de serre correspondant à une hausse
maximum de
Le gaz à effet
de serre le plus important est le gaz carbonique (CO2). Comme ce gaz est un
produit inévitable de toute combustion, la réduction de ses émissions n’est pas
aussi facile que celle d’un polluant atmosphérique comme le soufre, qui peut
être éliminé des fumées [7]. Est-il possible, dès lors, de respecter des
contraintes physiques aussi draconiennes sans ramener l’humanité plusieurs
siècles en arrière ? Pour éviter des réactions de panique, des réflexes
d’autruche, ou d’autres comportements irrationnels (que des forces
réactionnaires pourraient instrumentaliser), il est extrêmement important de
marteler que la réponse, sur le plan technico-scientifique, est :
oui ! Oui, la lutte contre le gaspillage d’énergie, la hausse de
l’efficience énergétique, le remplacement des sources fossiles par les sources
renouvelables, ainsi que la protection des sols et des forêts permettent de
relever le défi (lire « Mythes et réalités technologiques, défis
sociaux »). Vu l’importance des processus de combustion, la question
énergétique est au centre du débat. Or, le flux d’énergie solaire qui atteint
la surface de
Le caractère
angoissant du changement climatique provient du fait que les solutions sont
mises en oeuvre beaucoup trop chichement. Pourquoi ? Parce qu’elles
réduisent la rentabilité du capital, impliquent la suppression d’activités
profitables, remettent en cause les rentes et les situations de pouvoir liées à
la centralisation énergétique, nécessitent une planification et une initiative
publique, impliquent une relocalisation de l’activité, bousculent la spirale
infernale surproduction/surconsommation des uns/ sous-consommation des autres…
Etc. Ces raisons sont économiques, donc sociales. Elles ne découlent pas de
lois naturelles incontournables mais de lois sociales, que l’humanité peut
changer.
La littérature
spécialisée caractérise le changement climatique comme un phénomène d’origine « anthropique ».
Cette expression, en fait, est erronée. Le réchauffement n’est pas le fruit
empoisonné de « l’activité humaine » en général, ou de « la
technologie » en général, mais de l’activité capitaliste et de la
technologie capitaliste (que les régimes bureaucratisés de l’ex-glacis soviétique
n’ont fait que singer pour l’essentiel). C’est le produit d’un système qui « ressemble
de plus en plus à son concept », selon une belle expression de Michel
Husson [8]. Le philosophe Hans Jonas, dans son célèbre Principe
responsabilité a été l’un des premiers à saisir l’importance majeure des
limites climatiques au développement des sociétés humaines. Ecrite dès 1979, sa
mise en garde sur ce point précis est passée beaucoup trop inaperçue, bien que
ses thèses en général aient eu une grande influence [9]. Mais l’idéologie de
Jonas l’a amené à mettre le problème sur sa tête. Au lieu de voir la hausse de
l’effet de serre comme une conséquence de la frénésie de croissance
capitaliste, il y a vu un argument scientifique suprême et imparable contre « l’utopie
marxiste ». Le Principe responsabilité, en effet, accuse
« l’utopie » de vouloir supprimer complètement les entraves à
« la technologie » alors que celle-ci serait intrinsèquement
destructrice de l’environnement [10]. A l’opposé de cette thèse, l’analyse
marxiste permet de saisir le changement climatique en tant que résultat d’un
mode de production qui est insoutenable parce que son but est purement
quantitatif : l’accumulation de valeur. Marx le note dès les premières
pages du Capital : ce sont les caractéristiques de la valeur en tant que
forme historique particulière de la richesse qui suscitent l’illusion qu’un
mouvement d’accumulation matérielle illimitée serait possible. Par conséquent,
dans ce régime de production généralisée de marchandises, « la
production pour la production » appelle inévitablement « la
consommation pour la consommation » [11].
La boulimie
énergétique est une manifestation particulière de cette dynamique, et les
technologies qu’elle met en œuvre, contrairement à ce qui disent Hans Jonas et
beaucoup d’autres, ne sont pas neutres : elles sont taillées sur mesure
pour satisfaire la soif de plus-value. Le recours aux énergies fossiles et à
l’énergie nucléaire est tout à fait exemplatif à cet égard. Ce recours, en
effet, n’est pas le résultat d’un quelconque automatisme technologique mais
d’un choix en faveur de sources énergétiques appropriables, parce que celles-ci
sont génératrices de rente, c’est-à-dire de surprofit. Si l’effet
photovoltaïque (génération de courant électrique dans certains matériaux
semi-conducteurs lorsque ceux-ci sont traversés par la lumière) découvert par
Edmond Becquerel en 1839 n’a jamais fait l’objet d’une volonté de développement
systématique, c’est notamment parce que le rayonnement solaire n’est pas appropriable
aussi facilement que les réserves de houille ou les champs pétrolifères.
Aujourd’hui, après deux siècles et demi de capitalisme basé sur les énergies
fossiles, l’utilisation de celles-ci se révèle comme fondamentalement
antagonique à la régulation rationnelle des échanges de matières entre
l’humanité et la nature (que Marx décrivait comme « la seule liberté
possible »). A travers le changement climatique, la nature elle-même
semble vouloir nous faire comprendre que la nécessité impérieuse de cette régulation
rationnelle devient une raison majeure pour abolir ce mode de production.
Précisons que les diminutions relatives de l’intensité en énergie et en carbone
de l’économie (c’est-à-dire des quantités d’énergie et de carbone nécessaires
pour produire une unité de PIB), observées depuis deux siècles, ne changent
rien à cette nécessité : elles ont été plus que compensées par
l’élargissement absolu de la production. Or, la loi sous-jacente à ce constat
est bien connue : pour compenser la baisse tendancielle du taux de profit,
le capitalisme doit conquérir constamment de nouvelles régions, créer de
nouveaux besoins, de nouveaux marchés. Cette frénésie de croissance, si on la
laissait faire, brûlerait jusqu’au dernier baril de pétrole, jusqu’à la
dernière tonne de charbon. Compter sur l’éventuelle « déplétion » de
ces ressources pour que le gâchis environnemental cesse serait une
erreur : quand bien même elle serait obligée de se passer des combustibles
fossiles [12], la dynamique capitaliste d’accumulation transformerait des
régions entières en déserts écologiques par la plantation d’énormes
monocultures productrices de biocarburant, ou érigerait partout des centrales
nucléaires à la mesure de sa démesure. Le projet ITER [13] constitue le dernier
avatar de la folie, bien décrite par Jean-Paul DELEAGE et al. [14] , d’un
système qui tente de sauter par-dessus sa propre tête pour ne pas voir qu’il
est fondamentalement incompatible avec les rythmes de fonctionnement de la
biosphère.
En dépit de sa
logique d’accumulation, le capitalisme pourrait-il respecter en temps utile les
contraintes physiques conditionnant une stabilisation du climat à un point qui
permette d’éviter des catastrophes humaines et écologiques ? Etant donné
le niveau déjà atteint par les concentrations en gaz à effet de serre et
l’inertie du système climatique, cela semble malheureusement fort peu probable,
voire exclu. La catastrophe, en réalité, est déjà en marche à travers une série
d’événements dont l’interconnexion ne peut que s’affirmer (lire « Un enjeu
social et politique majeur »). Face à l’accélération apparente du
réchauffement, la question, aujourd’hui, semble plutôt de savoir comment le
système serait capable de limiter la casse et de stabiliser la situation, et à
quelles conditions sociales. Pour y donner une réponse concrète, il est
indispensable de prendre la mesure de trois difficultés imbriquées :
l’ampleur des changements à réaliser dans un délai très bref, la rigidité du
système énergétique, ainsi que la concurrence telle qu’elle s’exprime dans les
relations entre Etats (en particulier les relations Nord-Sud).
Première
difficulté : la combinaison entre des impératifs très forts et des
échéances très courtes. L’ampleur des changements à accomplir en quelques
décennies à peine est vertigineuse : il s’agit de
« décarboniser » quasi complètement l’économie. Cela implique de se
passer des combustibles fossiles en général comme sources d’énergie, mais aussi
du pétrole en particulier comme matière première de l’industrie pétrochimique
(encadré « décarbonisation et décroissance énergétique »). Les
sources renouvelables peuvent prendre le relais, mais pas dans n’importe
quelles conditions. Pas dans le cadre d’une poursuite de la boulimie
énergétique dans le domaine des transports, ou d’une production pléthorique de
plastiques, par exemple. En tout cas, vu leur coût plus élevé que celui des
fossiles, et étant donné la brièveté des délais, le passage aux renouvelables
devrait absolument aller de pair avec une importante baisse de la demande
primaire des pays développés (de l’ordre de 50%, voire plus dans les pays les
plus « énergivores »). Donc avec une chasse aux gaspillages et une
hausse de l’efficience énergétique. Or, chasse aux gaspillages et hausse de
l’efficience concernent non seulement les installations, les équipements
individuels et les comportements des particuliers, mais aussi et surtout le
système énergétique global, qui détermine l’ensemble. D’un point de vue
rationnel, des secteurs entiers de l’économie seraient à supprimer purement et simplement
parce qu’ils sont inutiles, voire nuisibles (production d’armes, publicité,
etc.), tandis que d’autres seraient à rationaliser pour supprimer les doublons
de la concurrence. Cela, le capitalisme ne peut même pas l’envisager, tant ce
serait contraire à sa logique… Mais il n’échappera pas au fait que des
mutations considérables s’imposeront dans des domaines aussi divers que
l’aménagement du territoire, les transports, l’agriculture, le logement, les
loisirs, le tourisme… Or, les réaliser dans les délais impartis nécessiterait
une forte centralisation et l’élaboration démocratique d’un plan mûrement
réfléchi. Tous ces éléments sont fort peu compatibles avec la gestion
néolibérale d’un mode de production fébrile, ayant la concurrence pour moteur
et l’exclusion politique des masses pour corollaire.
Deuxième
difficulté : le système énergétique capitaliste se caractérise par une
très grande rigidité et une forte centralisation. Celles-ci ne découlent pas
seulement de la durée de vie des investissements (30 à 40 années pour une
centrale électrique) mais aussi et surtout du fait que de puissants lobbies se
cramponnent à la poule aux œufs d’or… et créent en permanence de nouveaux
besoins qui « justifient » que la poule soit mise en batterie pour pondre
davantage. Le chiffre d’affaires annuel de la vente des produits raffinés de
l’industrie pétrolière est estimé à 2000 milliards d’Euros par an au niveau
mondial, tous produits confondus ; l’ensemble des coûts, de la prospection
au raffinage en passant par l’extraction, représente à peine 500 milliards. La
différence entre les deux (1500 milliards d’Euros par an !) constitue la
masse des profits, et surtout des superprofits sous forme de rente [15]
accumulée grâce à l’appropriation privée de la ressource. A cette puissance
colossale s’ajoutent celles des secteurs liés au pétrole. L’automobile, la
chimie, la pétrochimie, l’aéronautique, la construction navale,… : toutes
ces branches misent sur une expansion continue du marché mondial, donc de la
consommation matérielle et des échanges. Dans une telle configuration, bien
qu’il soit rapide, le développement des investissements dans les technologies
éoliennes et solaires (où des situations de rente ne semblent pas
envisageables) ne peut que tarder à apporter une solution. Largement contrôlé
par les grands groupes comme Shell, BP, etc., le secteur des renouvelables sert
surtout, pour le moment, à fournir un appoint aux énergies fossiles, au lieu de
les remplacer. Avec celle de la voiture individuelle, l’explosion du transport
aérien et les habitudes de consommation qui en découlent illustrent à merveille
la manière dont cette logique d’apprenti sorcier se légitime à travers les
besoins qu’elle crée et nous entraîne toujours plus vite dans le mur, tout en
obscurcissant notre vision des réalités.
Troisième
difficulté : la concurrence telle qu’elle s’exprime dans les relations
entre Etats. Le CO2 produit en tout point du globe contribue au réchauffement
planétaire. Etant donné ce caractère global de la menace, la riposte devrait
être pensée, planifiée et articulée au niveau mondial, en privilégiant la
collaboration dans l’intérêt de tous, dans une perspective de long terme. Ce
travail devrait viser centralement à apporter une réponse unie à la question
clé : comment partager les ressources pour combiner la réduction drastique
et rapide des émissions au niveau mondial avec le droit au développement des
pays du Sud, où vit la majorité du genre humain ? Or, en dépit des efforts
déployés par de nombreux scientifiques, la domination et la concurrence
l’emportent systématiquement sur la collaboration, et l’accaparement des
ressources (y compris par la guerre) sur le partage de celles-ci. L’attitude
des principaux protagonistes impérialistes (USA, Union Européenne, Japon) dans
les négociations climatiques est clairement déterminée par les intérêts de
leurs entreprises et les objectifs géostratégiques des différentes bourgeoisies
sur le marché mondial, en particulier sur le marché de l’énergie. Il en va de
même pour
De tout ceci, il
ne faudrait pas déduire que le Moloch capitaliste restera les bras ballants
face à un phénomène qui, s’il touche d’abord les exploités, fait peser sur son
système la menace d’une dévalorisation massive du capital et d’une montée de
l’instabilité. Mais sa lutte contre le changement climatique, depuis quatorze
ans [16], est menée selon les rythmes dictés par le capital – trop lentement –
et selon des modalités néolibérales - qui accroissent les inégalités sociales,
les tensions Nord-Sud, ainsi que l’appropriation et le pillage des ressources
naturelles. Lenteur et effets pervers : malgré certains traits positifs,
Kyoto incarne bien ces deux caractéristiques (lire « L’après- Kyoto risque
d’être très libéral »). En effet, non seulement l’objectif de 5,2% de
réduction des émissions des pays développés est très minime, non seulement il
ne sera pas réalisé en 2012, mais en plus les « mécanismes
flexibles » inclus dans le protocole ont des conséquences sociales et
environnementales négatives (lire Les nouveaux habits verts de la domination
coloniale). Les négociations sur l’après 2012 ne semblent pas devoir
changer la donne. Sitôt
Cette tendance
est clairement apparue dans l’intense activité diplomatique de Tony Blair et de
son successeur désigné, Gordon Brown. A l’occasion du sommet du G8 en Ecosse,
qu’il présidait, le locataire du 10, Downing street, a révélé son ambition :
faire de
La question
Nord/Sud est décisive, on l’a vu. En s’affranchissant de l’échéancier étriqué
de Kyoto, le rapport Stern sort pour ainsi dire de la guerre des tranchées
entre grands pays en développement et métropoles impérialistes, où les premiers
disent aux seconds : « Vous êtes responsables, à vous d’agir »,
et les seconds rétorquent : « Vous émettrez bientôt plus de gaz à
effet de serre que nous, agissez aussi ». Seulement, le rapport de forces
pour les pays dominés n’est évidemment pas meilleur hors des tranchées que
dedans… Au moins pour les prochaines décennies, le plan proposé par l’ex-chief
economist de
Une politique du
genre de celle proposée par Stern peut-elle sauver le climat ? Il faudrait
d’abord qu’elle adopte un objectif de réduction des émissions compatible avec
les contraintes physiques. Ce n’est pas le cas dans le rapport présenté au
gouvernement britannique et il est de plus en plus douteux qu’un tel objectif
sera adopté en temps utile. Il faudrait en plus qu’un « gouvernance »
mondiale forte soit capable d’imposer un prix mondial du carbone déterminé par
l’évaluation des dégâts du réchauffement à long terme, et pas par la loi du
marché à court terme. Ceci non plus n’est pas évident…Quels que soient les
contours précis de l’après Kyoto, il est donc probable que la politique
climatique néolibérale, d’ici 20 à 30 ans, se soldera par un échec. Que
pourrait-il se passer à ce moment-là ? La réponse relève de la
politique-fiction. Face à des échéances devenues terriblement pressantes, il
n’est pas exclu, par exemple, que les puissances dominantes changent
brusquement de cours et utilisent leurs appareils d’Etat pour mobiliser et
centraliser toutes les ressources, voire imposer un rationnement, comme en période
de guerre. La comparaison n’est pas fortuite : ce tournant pourrait
effectivement s’accompagner d’aventures militaires impérialistes, voire
d’affrontements inter-impérialistes, ou d’autres types de conflits meurtriers.
Mais ceci est spéculatif : si les guerres pour les ressources énergétiques
font déjà partie de l’actualité, rien ne bouge par contre dans le sens d’un
abandon du néolibéralisme au profit d’une politique plus dirigiste. De toute
manière, une telle mobilisation n’aurait évidemment pas pour but de sauver le
climat pour tous et toutes, mais de le sauver dans la mesure du possible en
protégeant les privilèges sociaux des exploiteurs. Cela engendrerait
d’innombrables souffrances humaines, une augmentation de l’exploitation, une
aggravation du pillage des pays dominés et une remise en cause des droits
démocratiques.
l
En l’absence
d’une alternative crédible à la politique néolibérale, l’urgence pousse
certains milieux et personnalités à élaborer des propositions pour accélérer la
défense du climat dans l’équité, mais sans rompre avec les mécanismes de
marché, puisque ceux-ci semblent reposer sur un consensus incontestable.
Quoiqu’elles se veuillent réalistes, ces propositions postulent la réalisation
d’une série de conditions qui, quand on les examine, semblent fort utopiques.
Aux yeux du système, elles ont le tort de miser sur la force de conviction
d’une rationalité globale. Or, le capital, en tant que « multiples
capitaux » concurrents, se caractérise par la contradiction entre ses
rationalités partielles innombrables et son irrationalité croissante en tant
que système. La rationalité globale ne peut le convaincre que temporairement et
en toute dernière extrémité, quand sa survie est menacée (mais à ce moment-là,
en général, il est déjà trop tard pour la survie de nombreux membres des
classes et couches défavorisées…).
Ce quiproquo
entre raison globale et raison du capital caractérise notamment le mécanisme
suggéré pour faire aboutir la proposition connue sous le nom de
« Contraction et Convergence » (C&C). Formulée par l’écologiste
indien feu Anil Agarwal [22], reprise par le Global Commons Institute d’Aubrey
Meyer [23] et popularisée par des scientifiques éminents tels que Sir John
Houghton [24] ou Jean-Pascal van Ypersele [25], cette proposition a le mérite
de trancher le dilemme des pays en développement à l’avantage de ceux-ci.
Reprenons les termes du problème : s’ils poursuivent une croissance basée
sur les énergies fossiles, et même en admettant que le caractère combiné du développement
leur évitera d’emprunter exactement le chemin suivi par les pays impérialistes
depuis 1780, ces pays accentueront le changement climatique dont leurs peuples
seront (sont déjà !) les principales victimes. Les pauvres ayant raison de
ne pas vouloir rester pauvres pour sauver le climat détraqué par les riches,
C&C prône une réduction radicale des émissions globales
(« contraction ») combinée avec une égalisation des émissions par
habitant (« convergence ») et un rattrapage de développement du Nord par
le Sud grâce aux technologies propres (fig. 3). Nous souscrivons à cette
perspective égalitaire, mais comment pourrait-elle être mise en œuvre ?
En guise de
réponse, il est suggéré que des droits d’émission échangeables soient
distribués aux pays en développement tant qu’ils sont au-dessous de leur quota
par habitant. Les pays du Nord qui ne réduiraient pas assez leurs émissions
devraient acheter ces droits. Les rentrées correspondantes permettraient aux
pays du Sud de se procurer les technologies nécessaires à un développement sans
carbone. Ce scénario soulève beaucoup de questions pratiques. A qui les droits
seraient-ils distribués ? Qui garantirait que leur liquidation profiterait
effectivement aux populations (et pas à payer le service de la dette, ou à
engraisser les « élites locales ») ? Ce sont des questions
importantes. Mais le mécanisme a aussi et surtout un point faible fondamental.
Dans sa présentation du scénario C&C, le climatologue Jean-Pascal van
Ypersele, dont l’engagement en faveur d’un sauvetage solidaire du climat est
indiscutable (voir son interview ailleurs dans ce numéro), écrit ceci : « Si
la répartition initiale des droits était basée sur l’équité, les permis
pourraient constituer, à certaines conditions, un formidable vecteur d’aide aux
pays en développement. Et à condition que la quantité totale de permis soit
déterminée par le souci de protéger le climat pour les siècles à venir, un tel
système permettrait d’effectuer les nécessaires réductions d’émissions au
meilleur coût » [26]. Tout le problème réside évidemment dans le petit
mot « si » et dans l’expression « à condition que ».
Le capitalisme s’est constitué historiquement en appropriant les ressources
naturelles. Distribuer gratuitement des droits égaux à disposer des ressources
est complètement opposé à sa nature (c’est pourquoi, en pratique, la
distribution de droits démission n’est ni équitable ni éthique, comme le montre
l’expérience du Système Européen d’Echange de droits - article « l’après
Kyoto risque d’être très libéral »). En soi, ce n’est évidemment pas une
raison pour écarter la revendication (au contraire). Mais la question à se
poser est : qui imposerait le respect des conditions préalables en matière
d’équité et de quantité de permis ? Les représentants politiques des
grands pays en développement ? Se soucient-ils de l’éthique et du climat
davantage que les maîtres impérialistes ? A supposer qu’ils aient la
volonté d’imposer une telle solution, il faudrait qu’ils s’appuient sur une
mobilisation populaire très ample. Est-il réaliste de penser que les masses
pauvres du Sud se mobiliseront sur une revendication aussi éthérée que la
distribution de droits échangeables à émettre du gaz carbonique dans
l’atmosphère ? Si elles l’adoptaient, en tout cas, ce serait dans le cadre
d’un ensemble de demandes beaucoup plus simples et directes : abolition de
la dette, réforme agraire, nationalisation des ressources énergétiques (comme
au Venezuéla et en Bolivie), droits des communautés sur l’eau et sur les autres
ressources, etc. Or, la plupart de ces revendications rompent avec le marché…
dans le cadre duquel C&C, par réalisme, veut rester inscrit. On se retrouve
au point de départ.
Ce que cette
discussion révèle, c’est que les difficultés objective et subjective du
sauvetage du climat sont indissolublement liées : on ne peut résoudre
l’une sans résoudre l’autre. Sauver le climat dans la justice sociale, avec une
population mondiale de 6 milliards d’êtres humains, implique de ramener les
émissions moyennes autour de 0,4-0,5 tonnes de carbone par personne et par an.
Un Américain ou un Australien émettent à peu près six tonnes, un Belge ou un
Danois trois tonnes, un Mexicain une tonne, un Chinois un peu moins, et un
Indien… 0,4 tonnes (Fig. 4). La seule logique « durable » digne de ce
nom consiste à faire de la demi-tonne de carbone par personne et par an le
quota d’émission annuelle à atteindre dans chaque pays à une certaine date. Une
stratégie mondiale rationnelle ne peut dès lors que consister en quatre volets
combinés : 1°) réduire radicalement la demande primaire d’énergie des pays
développés (la diviser par quatre, six ou huit - selon les pays) ; 2°)
remplacer systématiquement les sources fossiles par des sources renouvelables,
en commençant par ces pays ; 3°) constituer un fonds mondial d’adaptation
alimenté uniquement en fonction des besoins des pays les plus menacés (lire Un
défi social et politique majeur) ; 4°) transférer massivement les
technologies propres vers les pays du Sud, afin que leur développement
n’entraîne pas une nouvelle déstabilisation du climat. Si l’on pose que ces
quatre volets doivent avoir l’ampleur nécessaire, être réalisés dans les délais
impartis et être appliqués dans la justice sociale et l’égalité, alors la
solution ne peut tout simplement pas découler de mécanismes de marché tels que
la distribution de droits échangeables, ou l’abaissement progressif et spontané
du coût des renouvelables dans un contexte de concurrence [27]. Il faut que les
quatre volets ci-dessus soient des missions de service public, confiées à des
entreprises publiques, réalisées indépendamment des coûts. Selon un cahier des
charges élaboré à partir des besoins réels, et en considérant les ressources
naturelles comme propriété collective de l’humanité. Une redistribution
radicale des richesses (abolition de la dette des pays du Sud, impôt
exceptionnel sur les patrimoines à l’échelle mondiale, ponction sur les
bénéfices des compagnies pétrolières, suppression des dépenses d’armement…) et
un approfondissement radical des droits démocratiques sont donc indispensables.
La rationalité globale a besoin d’une perspective anticapitaliste.
On objectera que
cette perspective n’est pas réaliste non plus dans la conjoncture actuelle.
C’est exact : le développement d’une stratégie anticapitaliste pour le
climat est handicapé par la crise historique de légitimité du projet
socialiste. Alors qu’elles paraissent indispensables pour éviter des
catastrophes climatiques, des propositions telles que la planification pour la
satisfaction des besoins, l’initiative industrielle publique et la
nationalisation du secteur de l’énergie (ou toute autre forme de mise sous
statut public à élaborer à une échelle internationale) sont discréditées. Ces
réponses sont largement amalgamées au gâchis de l’économie de commandement
inefficace, gaspilleuse, productiviste et ultra-centralisée [28], ainsi qu’aux
privilèges matériels pour la bureaucratie et au monopole de celle-ci sur les
décisions politiques. Les marxistes révolutionnaires peuvent certes expliquer que
cet amalgame est abusif mais leurs explications ne seront convaincantes que
s’ils donnent des gages de leur rupture avec le productivisme, en dressant le
drapeau d’un « écosocialisme » où les ressources –notamment
énergétiques - sont autogérées par un maillage souple des communautés locales,
couplé à une planification au niveau local, national, régional, et mondial
[29]. Quoi qu’il en soit, même sous ce drapeau, il est évident que ces
explications ne pourront emporter l’adhésion que d’un nombre limité de gens.
Solutions de
marché trompeuses d’un côté, solutions anticapitalistes discréditées de
l’autre… Où est l’issue ? Dans la mobilisation sociale. Au lieu de
privilégier le lobbying (comme le font tant d’associations environnementales
piégées dans le dispositif de la gouvernance), il s’agit de construire un
rapport de forces. Au lieu de gaspiller des efforts à tenter de convaincre le
patronat et les gouvernements complices, il s’agit d’investir les énergies dans
un travail de conscientisation à la base. Au lieu de chercher en vain la
recette chimérique du sauvetage du climat par les échanges de droits et autres
mécanismes de marché compliqués, il s’agit de propager l’idée simple que le
climat doit être sauvé dans la justice et l’égalité, indépendamment des coûts,
en prenant l’argent là où il est. Au lieu de renvoyer chacun et chacune à sa
seule responsabilité individuelle, il s’agit de créer dans l’action le lien
social émancipateur pouvant seul générer une nouvelle responsabilité
individuelle et collective de l’humanité dans son métabolisme avec la nature.
En tant que défi
global majeur (similaire à la menace de destruction par la guerre nucléaire),
la question du climat peut faire descendre des millions de gens dans les rues.
Comme on le verra dans ces pages, la liste des problématiques sociales
soulevées est longue : accès aux ressources, droit à l’emploi, droits des
femmes, refus du racisme, lutte contre la libéralisation des services publics,
défense des réfugiés, soutien à l’agriculture paysanne, promotion du transport
public, droits des communautés indigènes, aménagement urbain, refus des OGM,
lutte contre la flexibilité et le just in time, défense de la
biodiversité, maintien de la sécurité sociale, sans oublier la guerre à la
guerre et l’abolition de la dette du tiers-monde… Cette diversité est une
force. La piste à suivre consiste à fédérer tous ces mouvements de résistance
dans une action d’ensemble, concrétisée par des journées mondiales d’action et
de manifestation. La mobilisation spécifique des jeunes pour que cette planète
soit vivable et belle pour tous et toutes peut catalyser une articulation
mondiale de mouvements sociaux. Les initiatives du Climate Action Network
peuvent être un point de départ. La manifestation organisée à Londres le 4 novembre,
à l’initiative de
Cette stratégie
a ses exigences. Dans un système basé sur la lutte individuelle de tous et
toutes contre tous et toutes, la volonté légitime des exploités d’améliorer
leurs conditions d’existence immédiates et celles de leurs enfants avec les
moyens du bord l’emportera toujours sur la menace des dangers qui en
découleront demain ou après-demain – y compris si l’inéluctabilité de ces
dangers est scientifiquement démontrée. C’est pourquoi la mobilisation pour le
climat doit être liée à la satisfaction des besoins immédiats de la majorité
sociale : l’emploi, la terre, le logement, un revenu décent, le chauffage,
l’eau potable, le statut d’emploi, les conditions de travail, la sécurité
d’existence… L’ampleur même de la menace climatique crée de multiples
possibilités pour établir ce lien d’une façon organique, à partir des luttes de
terrain. A une condition : il faut cesser d’inscrire l’action dans une
stratégie d’accompagnement de la croissance capitaliste, comme le font les
directions politiques et syndicales traditionnelles du mouvement ouvrier. Il
faut ouvrir les yeux au contraire sur le fait que cette croissance – qui ne
crée plus d’emplois et engendre l’exclusion - nous entraîne tout droit vers des
catastrophes écologiques dont les travailleurs et les pauvres seront les
principales victimes. C’est à partir de ce constat que la gauche en général, et
les marxistes révolutionnaires en particulier, devraient avoir pour
préoccupation d’engager le mouvement ouvrier dans la convergence pour le
climat. Ce n’est pas facile mais c’est possible, comme le montre notamment la
campagne des syndicats québecquois pour la nationalisation de l’énergie
éolienne (encadré). D’autres pistes peuvent être évoquées : le contrôle
ouvrier comme moyen de contester la gabegie capitaliste, d’une part, et la
demande d’entreprises publiques créant de l’emploi dans le domaine de
l’efficience énergétique et de la mise en œuvre des renouvelables, d’autre part
[30]. Face à la gigantesque coalition d’intérêts qui conduit l’humanité à la
catastrophe et corrompt certaines couches de la population dans les délices
illusoires d’un bonheur petit-bourgeois factice, la mobilisation pour le climat
peut contribuer à reconstruire un pont vers l’anticapitalisme. A travers elle,
il s’agit de ranimer le désir d’utopie concrète en montrant comment un
mieux-être collectif peut se dessiner très rapidement dès lors que l’on accepte
l’idée de sortir du cul-de-sac énergétique capitaliste.
Climat ou
développement ? Climat ou bien-être ? Ce n’est pas la première fois
que le capitalisme confronte l’humanité à un choix entre peste et choléra. Mais
la frénésie de l’accumulation porte le dilemme infernal à un niveau global,
sans précédent. Cette situation fait peser la menace de solutions barbares
d’une ampleur terrible, touchant des dizaines de millions, voire des centaines
de millions de gens. « Il diavolo fa le pentole ma no i coperchi »
(« Le diable fait les casseroles, mais pas les couvercles »), dit un
proverbe italien. Il est temps d’éteindre le feu diabolique de
l’accumulation : la casserole capitaliste n’a pas de couvercle, et
l’humanité risque de brûler.
Notes
1. Plusieurs
études récentes affirment que la hausse maximale devrait même être inférieure à
2. Le Groupe
d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, IPCC en anglais)
sortira son quatrième rapport d’évaluation début 2007. Ses documents sont
disponibles en ligne à l’adresse suivante : http://www.ipcc.ch/
3. Outre la
vapeur d’eau, dont les quantités dans l’atmosphère sont fort peu influencées
par l’activité humaine, les principaux gaz à effet de serre sont le dioxyde de
carbone (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (N2O) ainsi que trois gaz
industriel fluorés. Les parts par million, en volume (ppmv), sont une mesure de
concentration : 450 ppmv de CO2 signifie que, sur un million de molécules
atmosphérique, 450 seront des molécules de CO2. Pour des raisons de facilité,
les émissions des six gaz à effet de serre sont exprimées en équivalent CO2
(ppmvCO2eq), ce qui signifie que la quantité de chaque gaz est convertie en la
quantité de CO2 qui aurait le même effet de piégeage des rayons infrarouges
(« pouvoir radiatif »).
4.
2000-2001 : +1,5 ppmvCO2 ; 2001-2002 : +2 ppmvCO2 ;
2002-2003 : + 2,5 ppmvCO2 ; 2003-2004 : + 3 ppmvCO2.
5. Le
réchauffement des masses d’eau océaniques étant très lent, le réchauffement
actuel fera de toute manière sentir ses effets pendant un millénaire environ.
6. Stern
Review on The Economics of Climate Change. http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/sternreview_index.cfm
7. Les oxydes de
soufre sont responsables de l’acidification des pluies.
8.
« Comprendre le capitalisme actuel ». Texte pour le Séminaire Marx au
XXIe siècle http://hussonet.free.fr/mhsorbon.pdf
9. Hans JONAS,
« Principe responsabilité », Champs Flammarion.
10. Il n’est pas
sans importance de noter que cette grille de lecture débouche sur des
conclusions profondément réactionnaires : éloge de la « mystification
des masses » en tant que moyen pour l’élite « d’imposer
politiquement » et avec « un maximum de discipline » les
« mesures impopulaires » nécessaires au sauvetage du climat. Et Jonas
de préciser que ces mesures découleraient des « lois de l’écologie que
Malthus fut le premier à entrevoir »…
11. Karl MARX,
« Théories sur la plus-value », Tome I, Ed. Sociales, Paris 1974,
pages 321-322.
12. La thèse de
l’imminence d’un pic de production avant la déplétion du pétrole et du gaz est
défendue notamment par l’ASPO (http://www.peakoil.net/). En réalité, c’est à
tort que cette question est introduite dans le débat climatique. En
effet : 1°) le pic est une notion économique, pas physique ; 2°) le
pétrole encore exploitable est amplement suffisant pour dérégler le
climat ; 3°) les réserves connues de charbon permettent au moins 300 ans
d’exploitation ; 4°) des ressources pétrolières importantes existent dans
les schistes bitumineux, notamment, dont l’exploitation est très nuisible
écologiquement.
13. ITER est
l’acronyme de International Thermonuclear Experimental Reactor. Basé à
Cadarache (France) ce projet de recherche commun devrait déboucher sur un
prototype de centrale à fusion contrôlée. « Comme le soleil » dit-on
dans les médias. Cette comparaison, en réalité, est inexacte, la fusion solaire
s’opérant très lentement et recyclant ses déchets. Lire notamment Sylvie
Vauclair, « La naissance des éléments. Du big bang à la terre »,
Odile Jacob 2006.
14. Jean-Claude
DEBEIR, Jean-Paul DELEAGE et Daniel HEMERY, Les servitudes de la puissance.
Une histoire de l’énergie. Flammarion, Paris, 1986.
15. Jean-Marie
Chevalier, « Les grandes batailles de l’énergie », Gallimard 2004.
16. La
convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique a été adoptée
au sommet de
17. La motion du
G8 « Climate Clean Energy and Sustainable Development » est
consultable en ligne
http://www.fco.gov.uk/Files/kfile/PostG8_Gleneagles_CCChapeau.pdf
18. Stern
Review, op. cit.
19. Le phasage
serait déterminé par les coûts : le marché s’orienterait d’abord sur les
mesures demandant le moins d’investissements, telles qu’une meilleure
efficience énergétique dans les PVD, l’arrêt de la déforestation, le
développement des biocarburants, puis l’éolien et le solaire.
20. Le marché
mondial de l’éco-industrie est estimé à 550 milliards d’euros. Les experts
tablent sur son élargissement dans les cinq prochaines années, surtout dans les
pays émergents, avec des taux de croissance de 5 à 8 %. Source :
Analysis of the EU ecoindustries, their employment and export potential.
http//www : europa.eu.int/comm/environment/enveco/industry_employment/
ecotec_exec_sum.pdf.
21. Les
mécanismes flexibles de Kyoto sont décrits dans notre article « Petit pas
compromis, effets pervers garantis ». Consultable en ligne sur
http://www.europe-solidaire.org/spip.php ?article648
22. Anil Agarwal
& Sunita Nairin, « The Atmospheric Rights of All People on Earth”,
www.cseindia.org
23.
http://www.gci.org.uk/
24. John
Houghton, “Overview of the Climate Change Issue”, http://www.jri.org.uk/resource/climatechangeoverview.htm#carbon
25. Jean-Pascal
van Ypersele, « L’injustice fondamentale des changements
climatiques », in Alternatives Sud, Vol 13-2006
26. JP van
Ypersele, op. cit.
27. Le rapport
Stern met un bémol à l’idée que les renouvelables s’imposeront spontanément
quand leur coût rejoindra celui du pétrole. Selon le rapport, à ce moment-là,
les prix des produits pétroliers pourront baisser pour rester concurrentiels.
L’existence d’une rente énorme, en plus des profits, rend effectivement ce
scénario possible.
28. Un gâchis
particulièrement frappant en matière de changement climatique, dans la mesure
où ces économies avaient une très haute intensité en énergie et en carbone.
29. Michaël
Löwy, « Qu’est-ce que ‘l’écosocialisme ? »
http://www.iire.org/lowyeco.html
30. Une
revendication de ce genre avait été mise en avant au début des années 80 par
les travailleurs excédentaires de la multinationale Glaverbel dans la région de
Charleroi (Belgique). Une entreprise publique d’isolation et de rénovation des
bâtiments fut même créée mais le pouvoir politique la saborda par la suite.
* Paru dans la
revue Inprecor n° 425 de février-mars 2007.
* Daniel TANURO
est ingénieur agronome, collaborateur d’Inprecor.