[Europe Solidaire
Sans Frontières] - http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article1286
Français >
International > Océanie, Pacifique Sud
Vanuatu et Tuvalu
La barbarie climatique est en
marche
TANURO Daniel
janvier 2006
Début décembre 2005,
la population de Lateu, un petit village d’une
centaine d’habitant situé sur l’île Tegua, dans
l’Etat polynésien de Vanuatu, a été déplacée pour échapper aux inondations de
plus en plus fréquentes (1). La barrière de corail ne les protégeait plus des
cyclones de plus en plus violents, et l’érosion fait reculer la côte de 2 à 3
mètres par an. Ces cent personnes ont le triste privilège de vivre le premier
cas de déménagement collectif par suite de la hausse du niveau des océans due
au changement climatique. Mais le nombre de réfugiés climatiques est déjà
beaucoup plus élevé, surtout dans les îles du Pacifique.
Le Tuvalu, un autre
Etat polynésien, compte trois mille réfugiés climatiques. Situé à
Quel sera le sort de
ces réfugiés climatiques ? Pas besoin de science-fiction pour répondre à
cette question, il suffit de lire les journaux. En 2000, le gouvernement de
Tuvalu a demandé à l’Australie et à
La réponse de
Pour prendre toute la
mesure de cette politique, précisons que l’Australie compte 20 millions
d’habitants (3 habitants/km2), qu’elle occupe la troisième place au classement
des pays selon l’indice de développement humain des Nations Unies et que son
Produit Intérieur Brut par habitant (PIB/hab en PPA)
est de 29.632 dollars/an (3).
Il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme quand on sait que ces prises de position néo-zélandaise et australienne ne sont que la mise en pratique de scénarios malthusiens que le réchauffement global, dans certains milieux, fait pousser comme champignons après la pluie. Rappelons à cet égard le rapport sur le changement climatique que deux « experts » ont écrit, il y a quelques temps, pour le Pentagone. Prévoyant un afflux de réfugiés climatiques, ce document cynique prévoyait que l’Europe serait submergée, tandis que les Etats-Unis et à l’Australie « construiront probablement des forteresses parce que ces pays ont les ressources et les réserves permettant de réaliser leur auto-suffisance ». Les auteurs allaient jusqu’à écrire froidement que, autour de ces forteresses, « les morts causées par la guerre de même que par la famine et les maladies diminueront la taille de la population qui, avec le temps, se réajustera à la capacité de charge ». (4)
Selon l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate
Change), le niveau des mers, si rien n’est fait pour endiguer le réchauffement,
pourrait monter de 9 à
L’immense majorité de
ces gens sont des pauvres vivant dans des pays du Sud qui n’ont pas les moyens
de financer les gigantesques travaux d’infrastructure nécessaires pour se
protéger des flots... et qui ne pèsent nullement dans les négociations
climatiques. Leur « claquer la porte au nez » serait non seulement
abject mais aurait en plus pour résultat d’aggraver la crise sociale et
écologique globale... et de transformer un peu plus la planète en baril de
poudre. C’est pourtant dans cette direction que les héritiers modernes de
Malthus nous entraînent, à bride abattue.
Notes
(1) Environment News Service, 12/01/06
(2) A Citizen’s Guide to Climate Refugees, Friends of the Earth Australia, 2005
(3) PIB/habitant
corrigé des variations du pouvoir d’achat
(4) “An abrupt Climate Change Scenario and its Implications for
US National Security”, P. Schwartz and D. Randall, oct.
2003. Le texte a été publié sur de
nombreux sites, notamment celui de Greenpeace. Lire Daniel TANURO,
« Armageddon climatique au Pentagone » sur
http://www.europe-solidaire.org/article.php3 ?id_article=1219